Envie de changement, d'un peu de temps libre et peut-être de dépaysement. Aussi, l'envie de faire une petite surprise à son coéquipier. Comme ça sans raison précise, par simple plaisir d'offrir et de le surprendre. Venecia a pu comprendre à travers quelques explications, quelques récits que son équipier n'a pas eu beaucoup d'occasions pour bouger, qu'on a jamais vraiment pris de temps pour lui non plus. En fait, personne ne s'est penché sur ses désirs ou n'a souhaité s'en inquiéter outre mesure à part elle.

Raison pour laquelle la policière n'est pas peu fière de lui ouvrir la portière, remontant ses lunettes sur sa tête pour apprécier au maximum l'étendue des paysages du Montana. Face à eux un ranch de construction rustique, massive qui semble avoir traversé bien des décennies, proche d'un lac limpide et pas si loin de la forêt dont les sapins se dressent fièrement à l'horizon. Cela doit bien faire trois ans que la jeune femme n'y a pas mis les pieds mais rien ne semble avoir vraiment changé. « Nous voici arrivés, ça te plaît ? » Ces couleurs, cette ambiance si paisible voilà bien ce qu'il leur faut. Quitter un moment l'agitation de New York, prendre l'air et se vider l'esprit. Oublier la criminalité, la politique et les trop nombreux changements que cette ville a pu connaître. Oublier Weins aussi, car Venecia n'a pas lâché l'affaire et cette maudite académie commence à la rendre chèvre. Enfin, le peu qu'elle en découvre en tout cas.

« C'est le ranch d'un vieil ami de mon père, quand j'étais plus jeune on y venait au moins une fois par an. » Explique-t-elle non sans un peu de nostalgie. Sa mère aimait tellement se ressourcer dans ces contrées encore sauvages et préservées des technologies. Les enfants pouvaient courir sans craindre les voitures et les routes et leur sœur veillait à ce qu'ils ne se perdent pas. Une époque bénie. Jetant son sac par dessus son épaule, la brune indique le chemin à suivre d'un geste de la main et pointe du doigt une habitation. « C'est la cabane qu'il loue dans le ranch, nous l'avons pour la semaine ou plus. » Elle ne saurait dire à quel niveau d'étonnement en est ce brave Caleb, il semble absorbé par le panorama et n'a même plus l'air de l'écouter. O'Donnell rit légèrement et le précède de quelques pas pour aller ouvrir leur demeure de vacances. Qu'il respire un bon coup, ils peuvent prendre le temps après tout, d'ici à ce qu'il la rejoigne la flic aura eu le temps de préparer un bon café.            

Caleb semble tellement heureux, stupéfait également mais surtout enthousiaste. Il ressemble à ces gosses trop pressés de découvrir leurs cadeaux au pied du sapin. Bien que la policière doute qu'il ait eu ce luxe, étant plus jeune de s'extasier. Qu'à cela ne tienne, elle se fera un plaisir de lui offrir un tas de choses, de lui ouvrir des horizons et des mondes auxquels il n'a pas eu la chance d'avoir accès. Une promesse que Venecia se fait, ici et maintenant. Les cafés sont servis, elle les dépose sur la petite table de la cuisine et récupère un cendrier avant d'allumer sa cigarette. « Je vais aller faire quelques courses pour notre séjour, je vais t'épargner un autre trajet en voiture enfin sauf si tu préfères m'accompagner. » Elle sourit, voulant bien croire qu'il doit avoir envie de se dégourdir un peu.

Du bout des doigts la jeune femme écarte le rideau de l'une des fenêtres et jette un œil sur l'extérieur. « On pourra couper un peu de bois, ça fait longtemps que je n'ai pas vu un feu de cheminé. » Et celle de leur habitation est assez conséquente pour permettre un bien joli spectacle. Il pourra aussi choisir sa chambre, à moins qu'il ne souhaite partager le même lit que sa coéquipière. C'est qu'ils ont tellement à voir, tellement de possibilité en matière d'activités. D'avance Venecia sait qu'ils pourront se détendre et en profiter. En bonne compagnie, c'est évident non ?

Maintenant elle regarde la pendule, autant ne pas tarder pour faire ses achats, d'autant qu'elle a déjà pas mal roulé et qu'elle commence à fatiguer un peu. Sa cigarette achevée, la brune trempe enfin les lèvres dans son café et en avale une longue gorgée. Ça fait un bien fou. A nouveau elle le regarde du coin de l'oeil, elle est tellement heureuse de la satisfaction peinte sur son visage, de cet enthousiasme. Il le mérite bien et ses sourires sont le plus beau des remerciements pour Venecia. « Merci d'être du voyage. » Glisse-t-elle, sans lever le nez de sa tasse. « Je pense que je n'aurai pas eu le cœur de partir seule. C'est ma première virée sans être accompagnée de ma famille... » Son premier voyage à elle. Bizarre d'y penser, mais pas désagréable à admettre. Au fond, cette fois la brune est libre et n'a pas à s'inquiéter de la surveillance de ses cadets. Juste elle, Caleb et le Montana. C'est presque aussi excitant qu'un de leur jeu. Presque.      

Elle répond a son clin d'oeil par un sourire, levant les yeux au ciel. Irrécupérables ces hommes, comme quoi il y a bien un cochon en chacun d'eux. Enfin, il souhaite l'accompagner et prend sur lui de conduire. Bien, Venecia n'y voit aucun inconvénient elle lui indiquera la route. Après tout c'est un fait, prendre la route dans ces environs est nettement plus agréable qu'en pleine ville. La brune opine, ils ont le temps.
Lorsque la policière passe à sa porté son collègue la fait virevolter et l'embrasse, la laissant surprise un bref instant jusqu'à entendre ses remerciements, avouer qu'il ne se plaît plus qu'en sa compagnie. La jeune femme n'argumente pas, elle se voit mal le faire car elle ne partage pas les sentiments de son coéquipier. Cependant elle les respecte, n'en joue pas et ne les empêche pas non plus. Après tout, elle se trouve également bien en sa compagnie et ne s'en privera pas. Les choses sont claires entre eux, Caleb est assez intelligent pour l'avoir compris et s'ils ne se sont rien promis, ils savent faire la part des choses.
« Fais gaffe quand même, si je deviens une addiction pour toi je t'envoie en cure de désintox! » Ils rient de bon cœur à cette idée, seulement imaginer expliquer ça était déjà très drôle, et puis ils montent en voiture sans cesser de se charrier gentiment.

Il faut une vingtaine de minutes pour rejoindre le village le plus proche en prenant son temps. Venecia indique la supérette et où se garer. L'air est tellement frais en comparaison de New York, Venecia l'inspire a plein poumons et en oublie même d'allumer une cigarette pour le moment.
Faire ces quelques achats ne leur prend pas trop longtemps, ils ont leurs préférences même si Venecia a préféré ne pas charger le réfrigérateur car elle lui a promis un tour des restaurants du coin. Autant manger local, pour pousser le dépaysement. « On va faire un tour là, il nous faut une tente. » Magasin typique, avec tout le nécessaire pour aborder la nature. Qu'il s'agisse de monter à cheval ou de crapahuter en montagne voir même de pécher ou de se baigner il y en a pour tous les goûts. Venecia croit reconnaître vaguement quelques têtes mais sans grandes certitudes, ça fait déjà longtemps. Elle est presque certaine qu'elle a fait de la randonnée avec ce type là, il ne la lâchait pas... bof, qu'elle importance ?

La voiture est pleine de tout leur attirail, maintenant ils sont prêts à toute éventualité. Assise sur le siège passager, s'allumant enfin une cigarette Venecia jette un regard à Reed qui semble toujours aussi heureux et même plus excité encore. « Alors, par quoi aimerais-tu commencer ? On a que l'embarras du choix, fais toi plaisir. » Et même s'il préfère commencer par couper le bois, la jeune femme ne trouvera rien à redire. Sincèrement le savoir si heureux lui met un tel baume au cœur qu'elle en oublie un temps son travail, ses obligations et se perd dans la contemplation du paysage. Qui sait, peut-être qu'elle aimerait cet endroit pour sa retraite. Si elle n'est pas morte d'ici là.    

Non Venecia ne trouve pas stupide de chercher un tant soi peu de simplicité. D'apprécier un simple feu, de se reposer après un repas partagé avec un ami. Ce sera un bon moment à n'en pas douter même s'il parle de manger ses marshmallows et qu'elle le baffe pour la forme. « Attends que je te saoule toi, tu vas comprendre ta douleur ! » Elle en rit, la menace n'est pas sérieuse et la policière ne prendra pas le risque de le rendre malade.

De retour à leur chalet/cabane ils posent les provisions, les achats que Venecia entreprend de ranger laissant le soin de la coupe du bois à son coéquipier qui ne se fait pas prier. C'est qu'il y met du cœur, d'après ce qu'elle peut voir par la fenêtre. Un sourire aux lèvres, la jeune femme continue son rangement et choisi son menu du soir. Quelques chose de simple mais d'efficace. D'ailleurs elle va s'y mettre en avance, le temps de se changer et d'opter pour une tenue plus locale. Un jean, une chemise dont elle roule les manches et la brune se colle aux fourneaux afin d'entamer ses préparations et de n'avoir plus qu'à cuire le moment venu.

Ce qui lui prend autant de temps que Caleb à couper ses bûches et à préparer son barbecue de minuit. Lorsqu'il passe à nouveau la porte pour descendre un verre d'eau sa colocataire est à la vaisselle et lui jette un œil à la fois appréciateur et amusé. « Ben dis donc, t'as l'air aussi frais qu'après un entraînement. » Lâche-t-elle en rangeant les divers ustensiles. « Enfin c'est plus sain tout de même avec cet air frais. » Elle même doit bien reconnaître que cet environnement paisible la détend et rend les tâches du quotidien moins routinières, moins ennuyantes aussi. L'heure a bien tournée mine de rien, Venecia revient à la batterie de cuisine et sort un couteau avec lequel elle pointe Reed. « Toi à la douche, quoi qu'il doit y avoir une baignoire si tu veux. Après tu pourras allumer ton feu. Pendant ce temps je commence le repas. » Et nul doute qu'il devrait trouver le menu à son goût. Pour sa part la brune a hâte de se claquer dans le canapé avec son assiette, face à la cheminée. Voilà qui les changera agréablement du loft et des plats livrés la plupart du temps. Les casseroles sont sur le gaz, il n'y a plus qu'à commencer les cuissons.     

Elle s'est étonnée de trouver à ce repas des saveurs plus prononcées, comme si les ingrédients locaux et les épices y étaient sublimées. Tout comme cette flambée, si agréable et ce moment ensemble à regarder les étoiles. En plein New York on ne peut pas les voir, la pollution, les lumières nocturnes et les immeubles couvrant le ciel il faut s'éloigner un peu de la ville pour espérer en profiter. Ici c'est différent, en fait tout est différent... Caleb a cédé a son envie de gourmandise et fait griller ses marshmallow tandis que la jeune femme sert les verres de Jack. L'ambiance est bon enfant, toute simple et sans fioritures jusque dans les lainages dont ils se sont couverts les épaules. Bientôt les voilà assis sur le même banc, serrés l'un près de l'autre.

Au bout d'un petit moment la brune se lève pour éviter de s'engourdir et fait quelques pas plus en avant, son verre à la main et une cigarette aux lèvres. « Tu crois qu'on saura rentrer à New York ? » Elle plaisante à moitié, songe qu'elle pourrait bien rester mais en même temps l'action et le danger lui manqueraient sans doute au bout d'un moment. Venecia est une femme de terrain, une femme forte et ce n'est pas encore l'heure de la retraite. Plus bas le lac luit comme une étendue d'encre sous la lune, c'est splendide il faudra y faire un tour en barque ou en canoë. La flic jette un regard en coin à son équipier qui somnole sur son siège, allons bon déjà cuit à son age ? Elle sourit, écrase sa cigarette et pose son verre avant de lui faire signe de suivre le mouvement.

À peine cinq minutes pour descendre au lac et avancer sur le ponton en bois. Le chant discret de l'eau a quelque chose d'envoûtant, Venecia ferme les yeux quelques instant, inspirant le parfum délicat de l'herbe humide. Et sans attendre d'avantage elle laisse tomber le lainage, se débarrasse de sa chemise puis de la totalité de ses vêtements. Aucune hésitation lorsqu'elle plonge, l'eau est fraîche mais pas froide et son contact n'est pas inconfortable. Lorsqu'elle revient à la surface et repousse ses cheveux en arrière, c'est avec un sourire ravi aux lèvres, ça fait vraiment du bien. « Tu viens ? » Glisse-t-elle, joueuse une fois les bras croisés sur le rebord.  »Sauf si c'est trop frais pour toi ?! Encore que je peux te réchauffer si jamais... » Voilà qui promet d'être amusant.  

Impossible de retenir un éclat de rire lorsqu'elle le voit remonter à la surface en grelottant. Quelle idée aussi de se jeter à l'eau de cette façon. Cependant sa surprise ne dure pas, puisqu'il commence déjà à essayer de l'attraper et que Venecia l'esquive habilement. Il ne lui fera pas le tour, c'est qu'elle a des années d'entraînement en la matière avec ses frères. Ainsi s'amusent-ils de la sorte un bon moment jusqu'à ce que la distance entre eux s'efface et que leurs corps s'épousent une fois encore. Enfin jusqu'à ce que la brune choisisse de l'embrasser voracement et de le couler au passage. C'est ensemble qu'ils s'enfoncent dans l'eau, étroitement liés et les lèvres scellées jusqu'à n'en plus pouvoir, obligés de sortir la tête avec précipitation pour éviter de se noyer bêtement. Cette seule pensée assortie d'un regard complice suffit à les faire rire, franchement. Ces vacances ne pourraient pas mieux démarrer, c'est si facile et si simple ici...

La fraîcheur de l'onde commence à se faire sentir, Venecia se sent frisonner donc elle entreprend de nager un peu. C'est vivifiant et cet environnement est si calme. Elle pivote sur le dos, observe le ciel étoilé au dessus d'eux et songe que voilà trop d'années qu'elle ne s'est pas sentie si détendue. Comme si le monde n'existait plus, qu'ils se trouvaient loin, ailleurs où tout deviendrait simple. Un soupir lui traverse les lèvres, si seulement un tel endroit existait. Autant ne pas trop penser à cela, la flic sait qu'elle finirait par déprimer. Alors elle reporte son attention sur Caleb qui ne semble plus très à son aise. La jeune femme revient au ponton, se hisse sur le rebord et l'invite à suivre. Une fois son coéquipier sorti, elle lui jette un lainage sur les épaules, ramasse leurs vêtements à la hâte et file comme une gazelle en direction de leur cabane.

Le feu n'est pas mort, il règne à l'intérieur une chaleur agréable après ce bain froid. Rapidement O'Donnell entreprend de servir deux verres, en offrant un à Reed. « Tiens ça te fera pas de mal. » Pour sa part elle le vide d'un trait et éteint toutes les lumières ne laissant que la cheminée pour les éclairer. Une fois les pieds sur le tapis confortable, elle abandonne sa couverture faisant face à un Caleb Reed qui reprend difficilement des couleurs. « Tes lèvres sont presque bleues. » Glisse-t-elle, presque désolée de l'avoir laissé barboter si longtemps et elle lui tend les bras. « Je te réchauffe ? » Ne dit-on pas qu'il fait tellement chaud entre les cuisses d'une femme après tout ?  

C'est presque gratifiant de le sentir si détendu, si confortablement installé contre elle. Venecia ne peut s'empêcher de sourire lorsqu'il commence à piquer du nez, sa tête balançant d'un côté puis de l'autre sans qu'il puisse y faire grand chose. Lutter contre le sommeil ne sera pas possible ce soir dirait-on. La jeune femme ne souligne aucunement la fatigue, se contente de rester silencieuse et quand elle sent peser le corps de son collègue plus lourdement elle comprend qu'il a perdu cette partie contre Morphée. Alors O'Donnell l'allonge avec précaution, monte rapidement à l'étage et en revient avec une grande couette épaisse dont elle le couvre. Chose faite elle rajoute du bois dans la cheminée histoire de la maintenir active quelques heures encore et ferme les volets histoire de ne pas être réveillé trop tôt par la clarté du jour.

Bien, maintenant il n'y a plus grand chose à faire à part se doucher parce qu'elle n'a définitivement pas le courage de prendre un bain là tout de suite. La policière aura dû attendre un peu avant d'avoir de l'eau chaude mais lorsqu'elle daigne enfin s'échapper des tuyaux c'est une véritable bénédiction. Elle ne prendra pas la peine de s'habiller, rejoignant le salon et sa douce température pour s'étendre près de Reed. Face à lui, la brune caresse pensivement sa joue, rassurée de le sentir réchauffé. C'est toutefois avec un pincement au cœur qu'elle suppose qu'il n'a peut-être jamais connu ce genre d'instant, un simple câlin comme celui qu'ils ont partagé un peu plus tôt. Qui aurait pris le temps à l'orphelinat et ensuite puisqu'il avoua lui même n'avoir jamais connu l'amour ou même la douceur d'une étreinte avant elle ? Il disait aussi que les amis ce n'était pas trop son fort... c'est triste, vraiment. Reed n'est pourtant pas un mauvais garçon bien au contraire et malgré ce manque évident de tendresse il n'est pas devenu rustre ou brutal pour autant. C'est un homme attentionné, par bien des aspects.

Touchée Venecia pose un baiser sur son front et entrelace leurs doigts avant de s'autoriser à fermer les yeux pour enfin dormir un peu. La journée a été longue depuis le trajet jusqu'à ce bain de minuit. Se reposer ne sera pas un luxe, ils en ont besoin.   

Elle aura dormi sans se faire prier finalement et nul doute que si Reed ne se trouvait pas en action dans la cuisine elle dormirait encore. Venecia a ouvert un œil dés que la casserole a rejoint la gazinière. La force de l'habitude, être attentive aux bruits de son environnement et faire le tri pour écarter toute trace de danger. Fut un temps le danger résidait moins dans les cambrioleurs que dans ses cinq frères cadets qui voulaient préparer leur petit déjeuner seul. Et bien que la jeune femme sache qu'il n'y a rien de méchant ici elle reste aux aguets.

La brune fini tout de même pas se lever, s'étirant une fois debout avant de passer le peignoir qu'elle avait laissé à porté de main au cas où la situation exigerait qu'elle se vêtisse en catastrophe. Un regard sur la table, elle sourit et se demande si Caleb a pensé nourrir deux ogres ?! Autant lui est du genre a prendre un bon petit déjeuner autant la flic se contente bien souvent d'un café et d'un morceau de pain grillé. Mais ils sont en vacances alors après tout elle peut bien s'autoriser un repas un peu plus copieux.

Ils auront peu parlé, appréciant ce moment autant que le menu. Le soleil s'est levé doucement, il est encore tôt et Venecia savoure sa première cigarette appuyée sur le bord de la fenêtre avec sa tasse en main après avoir nettoyé et rangé. Pour tout dire elle se sent encore endormie, comme entourée de coton. Tellement obligée de demeurer sur le qui vive à New York Venecia est une femme qui ne prend pas vraiment le temps, qui se réveille à peine un pied posé au sol mais ici, loin de tout sans obligation elle se sent comme libérée. Sans trop penser elle étouffe un bâillement du dos de la main et se frotte les yeux, décidément avoir bien mangé et sentir la douce chaleur émise par la cheminée l'assomme encore plus. Et s'ils traînaient un peu en fait ?

Tel un chat, la policière abandonne son unique vêtement et se glisse à nouveau sous la couette à plat ventre et un sourire fleurit sur ses lèvres. « Navrée je veux savoir ce que ça fait une grasse matinée... pas dit que je dorme mais au moins je me pose. » Venecia se voit mal exiger qu'il fasse de même, même si sa présence toute proche aurait donné une dimension plus agréable encore à cet instant fort agréable. Nul doute que la chaleur de son coéquipier serait plus douce encore que celle du feu ! Rien que d'y penser, elle frisonne.
Allons bon, dors ça vaudra mieux !   

De toute évidence Venecia ne doit pas être la seule que la grasse matinée aura tenté. Caleb n'a pas demandé son reste pour la retrouver sous la couette et même, il revient se lover tout contre elle. La jeune femme se sent soupirer d'aise sous les quelques caresses gracieusement offertes, les yeux à demi clos pour en apprécier toute la douceur. Il serait dommage de se priver d'un cadre si enchanteur n'est-ce pas ? Quel duo d'amants n'en aura pas rêvé après tout ? Toute en délicatesse, la brune se tourne pour faire face à son équipier dont elle croise le regard. C'est suffisant pour comprendre qu'il doit avoir les mêmes idées et au moins la moitié des mêmes envies.

Alors elle n'éprouve aucun remord à lui voler un baiser, du bout des lèvres d'abord puis osant l'intensifier jusqu'à mordiller ses lèvres puis sa langue mais sans jamais mordre. Non en réalité, l'envie lui vient d'avantage de tester un terrain méconnu. Car depuis leur première nuit ils n'ont surfé que sur la vague d'une passion telle qu'elle en devenait sauvage, allant parfois jusqu'à une lutte pour une sorte de dominance respectueuse et plus récemment ils auront exploré quelques positions plus osées. Griffures, morsures, ils y sont allés de bon cœur en la matière mais encore ?

N'est-ce pas le moment idéal pour explorer un monde de tendresse ? Même si théoriquement Venecia est une femme d'action, qu'elle choisi plus volontiers les rapports disons un peu musclés pourquoi pas ? Ce dépaysement a bien su bousculer leurs habitudes alors après tout...
Perdue dans le feu d'un nouveau baiser la brune en profite pour faire basculer Caleb au dessus d'elle et entre ses jambes. Chose faite elle passe un bras autour de son cou, l'enlace tendrement sans cesser de l'embrasser. C'est presque étrange, comme s'envelopper de coton plutôt que se rouler dans les braises. L'excitation est bien présente mais ne brûle pas, laissant le temps de se concentrer plus attentivement sur les préliminaires. Ainsi sa main libre parcourt sensuellement le corps de Reed jusqu'à descendre encore entre leurs deux corps, s'emparant de sa virilité déjà fièrement tendue pour y appliquer un massage langoureux.

Prendre le temps, c'est là tout le secret de ce séjour ce qui y ajoute une magie particulière.
Finalement, ils auront tout fait à l'envers ces deux là. Commencer par faire l'amour pour de vrai avant de songer à quelque chose de plus hardcore aurait été judicieux... bof, qu'elle importance ? Seul le résultat compte et puis à bien y regarder, leur intimité est telle qu'elle pourrait bien rendre cet échange particulièrement beau. Allez savoir...

Jamais Venecia n'aurait imaginé apprécier la douceur dans une action aussi primaire que le sexe et pourtant, elle l'apprécie réellement. Jamais aucun homme ne l'aura autant choyée, caressée que Caleb en ce matin. Et la brune lui aura rendu au moins autant, déployant des trésors de tendresse dont elle ne se savait pas capable. D'ailleurs qui l'aurait cru ? Elle la flic distribuant plus volontiers des droites que des câlins non vraiment, personne.

L'extase atteinte, ils demeurent serrés l'un contre l'autre elle caressant son dos du bout des doigts, le nez plongé dans le creux de son cou pour en respirer le parfum. Et la jeune femme se surprend à l'étreindre, à soupirer contre son oreille d'une voix encore tremblante du plaisir ressenti. « En fait... t'es pas un bon coup Caleb. » Et elle lui sourit, sincère parce qu'il n'y aura jamais aucun mensonge entre eux. « Ce ne serait pas te rendre justice. T'es un super amant. » Elle retient une pointe d'humour où elle songe lui dire qu'elle le recommandera chaudement à l'avenir mais tout compte fait elle se retient. Son coéquipier lui a déjà avoué ses sentiments, de fait O'Donnell doute qu'il songe à batifoler souvent. Au pire il devra affronter Gidget mais de toute façon tout le monde fini par affronter Gidget donc ...

Aucun doute, ils auront passé une bien belle matinée et sont bien en forme pour affronter la suite de cette journée. Mais avant il sera bon de se rafraîchir. « On prend un bain ensemble ? » Une première encore mais ce serait dommage de cracher dessus alors que cette vieille baignoire est énorme et peut largement les accueillir ensemble.